On ne bénira jamais assez l’importance du bon voisinage dans l’expansion du phénomène « motos de style » au sein de notre beau pays. Ainsi du jeune Patrick Godet, dont le voisin, en Normandie, possédait des Triumph et même un 125 Rumi Formichino, une bécane idéale pour débuter que le frère de Patrick lui offrit après l’avoir racheté à la voisine. La famille Godet travaillait dans le transport routier, et pour s’être un temps occupé du parc de camions, Patrick Godet avait déjà ancré en lui le virus de la chose mécanique. Après le Rumi, il achète (pour 1 franc symbolique) une NSU Max, un rustique mono 250 teuton, puis une BM R60 attelée avec laquelle il fait les Eléphants, et une CB 750, elle aussi munie de sa petite remorque latérale. De retour de l’armée, en 1974, il achète une rare Norvin, et découvre une passion qu’il va entretenir jusqu’à ce jour pour la marque anglaise Vincent. La Norvin, peu fiable, est rapidement expédiée au profit d’une vraie Vincent Black Shadow, puis d’une Black Prince. A la fin des seventies, Patrick Godet commence à courir sur ses montures en Afamac. Il gagne de nombreuses courses, en France comme en Angleterre, comme pilote ou comme préparateur pour Hubert Rigal. Il sera même un temps président de l’Afamac, où il fait revenir John Surtees, le seul pilote de l’histoire sacré champion du monde à la fois en F1 et en moto. Patrick Godet arrête de courir au milieu des années 90. Il a entretemps ouvert un premier atelier de restauration d’anciennes, motos et voitures, puis il arrête les quatre roues pour se consacrer aux deux (voire trois), en multimarques. Enfin au début des années 2000, il crée Godet Motorcycles, avec des fonds prêtés par le chanteur Florent Pagny, grand collectionneur de motos devant l’éternel et fan de Vincent. Depuis, sous la férule de Patrick Godet, une petite équipe de spécialistes « recrée » des Egli Vincent et des Grey Flash pour des clients avertis, et revient à la compétition en engageant un pilote et une Egli en championnat IHRO. La mémoire de la création d’Howard Raymond Davies, l’aviateur qui inventa cette machine lors de sa captivité chez les Allemands en 1917, puis de Philip Vincent, qui acheta la marque en 1928 et la fit exister jusqu’en 1955, est bien au chaud dans les mains de cet amoureux fidèle de la moto noire qui va vite.