Voici plus de 20 ans que Triumph nous régale de cette fabuleuse motocyclette à trois cylindres. Souvenez-vous : en 1994, la T301, un véritable café-racer pur et dur, une moto sans concession ; puis en 1997, la T509, terrible avec ses deux optiques de street-bike, tout droit sortie d’une sombre banlieue de Londres. Ce moteur était déjà explosif. En 2005 Triumph force encore le style bad boy de son roadster avec la 1050 : échappements hauts et cul super court.
La dernière version, qui avait abandonné les phares ronds en 2011, était déjà fort agréable et efficace. Imaginez alors cette dernière qui sortira le 03 mars prochain : Triumph nous annonce une toute nouvelle moto, avec pas moins de 104 modifications par rapport au modèle précédent. Si ce n’est pas une révolution, c’est tout de même une belle évolution ! Et si vous n’êtes pas convaincu, lisez plutôt la liste des éléments qui ont changés : pistons, vilebrequin, chambres de combustion, conduits d’admission, injection, boite à air, radiateur, boite de vitesses, collecteur d’échappements, etc. L’idée est de se plier aux normes Euro4, bien sûr. Mais pas seulement : ainsi, les pignons d’entrainement du balancier d’équilibrage ont étés redessinés afin d’éradiquer ce sifflement caractéristique du 3-cylindres Triumph. L’ergonomie générale a également été optimisée, ainsi la bête est plus fine et encore plus facile à appréhender. Par ailleurs, l’apparition d’un accélérateur électronique (ride by wire) permet à la Speed d’adopter toute l’électronique embarquée qui semble tant plaire aux consommateurs. La voici au goût du jour avec 5 modes de conduite différents plus un mode qu’on peut paramétrer soi-même. La sensibilité de la poignée de gaz, l’anti-patinage, la cartographie et l’ABS sont paramétrables à loisir. On note qu’il est même proposé un ABS pour le circuit extrêmement efficace.
Au niveau design, si tout ou presque a légèrement évolué, comme par exemple les deux optiques de phare qui sont mieux intégrés au design, on reconnait tout de même bien la Speed Triple.
Des deux versions développées par Triumph, nous avons essayé la R qui se distingue de la S par quelques détails esthétiques comme le garde boue en carbone, le sabot moteur ou les liserés sur les jantes et la couleur de la clef. Mais surtout, la R est équipée en suspensions par Ohlins alors que la S est équipée d’excellents Showa. En pratique, les suspensions légèrement fermes se marrient très bien avec un roadster qui reste assez sportif malgré son poids. En effet, malgré cette refonte la Speed Triple pèse toujours un poil plus lourd qu’une BM S1000RR (mais moins qu’une Z1000). 212 kg tous pleins faits, avec un tel châssis (en alluminium), c’est du pur bonheur. D’autant que le moteur est exceptionnellement agréable. Il est rond et coupleux en bas et pousse fort dans les hauts régimes. Je mentirais en affirmant que j’ai senti les 5 chevaux gagnés dans la refonte (soit 140 ch au total) de façon flagrante, mais le couple est encore plus omniprésent et rend la machine très réactive. L’excellent châssis et une position idéale permettent d’emmener la moto jusqu’à vos propres limites avec aisance mais sans jamais se sentir débordé. Je ne vous parle même pas de l’efficacité des étriers Brembo qui se commandent du bout des doigts. Cette merveille est chaussée des excellents Pirelli Diablo Supercorsa dont le bon grip n’est plus à discuter.
Au fil des millésimes, la Speed Triple se renforce dans son compromis idéal : c’est une moto très équilibrée, virile mais pas exigeante. Le fleuron de l’industrie anglaise, en quelque sorte, disponible contre 13 800 € (ou 12 100 € si vous vous fichez des Ohlins).
Albin Carrière