Deux roues, deux cylindres et une cylindrée maximum de 1200 cm3 : les règles étaient simples pour participer à la première édition d’Essenza, deux manches de sprint organisées à l’automne dernier au Glemseck 101 et à Intermot. Pour relever ce challenge, Kawasaki Allemagne avait choisi sa 650 Vulcan S comme machine de base. Si l’allure basse et longue de l’engin peut être un atout pour ce genre de discipline, on pouvait avoir des doûtes en ce qui concerne le moteur. Heureusement, celui-ci est très solide, ce qui lui donne une bonne aptitude à la préparation. Du coup, Kawa est allé chercher Dieter Briese, le préparateur moteur de chez Motorrad Höly. Il avait déjà tiré à peu près 100 ch de la ER-6 Radicale, donnée d’origine pour 72 ch.
Optimiser l’admission, la culasse et retirer le rotor et le stator ne suffisent toutefois pas pour atteindre la puissance recherchée. Dieter Briese fut cette fois bien plus audacieux, choisissant d’améliorer la combustion avec l’apport d’un comburant magique bien connu des adeptes de la discipline : le N2O, oxyde nitreux, protoxyde d’azote, hémioxyde d’azote ou encore gaz hilarant pour les farceurs. Pour Dieter, c’était bien le meilleur moyen pour gagner de la puissance sans perdre de temps. Même si moult précautions sont nécessaires lorsqu’on use de ce produit miracle.
Pour préparer le châssis et l’adapter à la discipline, mais aussi pour l’aider à encaisser la puissance sans mettre en danger le pilote, Kawasaki Allemagne a demandé de l’aide à Tommy Holzer de chez Warm-Up, à Aalen. Pour lui, le look n’est pas le plus important : la moto doit, en premier lieu, être performante et tenir la route. Pour arriver à ses fins, il a beaucoup utilisé la technologie 3D. Les suspensions sont de chez Öhlins et la moto est allégée au maximum.
Si la moto semble très soigneusement et intelligemment préparée, le directeur marketing de Kawa Allemagne ne se faisait pas d’illusion sur les résultats : « En fait, nous savons que d’autres marques commencent dans de meilleures pré-conditions, la Vulcan S n’est pas un monstre. C’est pourquoi nous avons surnommé notre moto très modestement The Underdog (outsider, perdant probable). » Contre toute attente, The Underdog a fait ses preuves dès la première démonstration au Glemseck 101 avec Francesca Gasperi aux commandes. Résultat, une belle deuxième place sans même utiliser le protoxyde d’azote. Celui-ci était réservé comme botte sécrète pour Intermot à Cologne. Malheureusement les auspices ne furent pas favorables. Le public allemand a toutefois positionné la Vulcan S en deuxième position des plus belles machines engagées.
The Underdog prendra-t-elle sa revanche en 2017 ? Pour le savoir, il faudra venir à Montlhéry les 10 & 11 juin : le Cafe Racer Festival accueillera en effet, et en exclusivité, la première manche de la prochaine édition de The Essenza !
Texte et photos Albin Carrière