Honda a installé à Rome le studio de design du R&D Europe. C’est là que sont développées toutes les machines vendues sur le vieux continent : la CB1100 comme l’Africa Twin en sont issues. Cinq designers et deux modeleurs y travaillent sous la responsabilité de Valerio Aiello. C’est cette équipe qui a développé l’un projets les plus intéressants du moment, la CB 1100 TR, entre flat-tracker et street-fighter. Explications.
Anthony Sousa, responsable marketing : « En mai dernier, on nous a demandé de travailler sur un projet autour de la CB 1100. Avec un mot d’ordre : incarner l’émotion et la passion de Honda. Rapidement, l’idée du flat-track a émergé. Mais on a voulu revisité le flat-track à la sauce Honda, en jouant avec des codes pour créer notre propre niche, sur le modèle des préparateurs. »
Valerio Aiello, chef-designer : « J’aime beaucoup le style flat-track, très typique de l’Amérique. Mais on a cherché à mixer le concept original avec une culture streetfighter plus européenne : il fallait des roues de 17 pouces, des pièces performance. En jouant avec cette fantaisie, nous sommes arrivés à notre idée finale : créer une moto que le regretté Marco Simoncelli aurait pu prendre pour aller s’entrainer au ranch de Valentino Rossi. »
Valerio Aiello : « On a gardé que la base mécanique de la CB 1100 pour reconstruire une moto minimale, avec un ensemble selle-réservoir que l’on remarque immédiatement. La proportion du réservoir était importante notamment : il fallait qu’il puisse mettre en avant le moteur pour dégager une sensation de puissance. »
Valerio Aiello : « On voulait s’astreindre à des lignes très simples, sans forcer le design. Mais elles sont renforcées par le style racing, avec les trois couleurs Honda, qui ont été finalement préférées aux deux autres versions, noir sportif ou pailleté vintage. C’était important de puiser dans notre héritage. »
Anthony Sousa : « En fin de projet, nous avons travaillé sur l’environnement de la moto pour rompre avec l’image un peu froide que peut avoir Honda. On a donc voulu un environnement, racing avec une touche vintage. J’ai cherché des vraies affiches d’époque, puis nous avons recréé en interne notre imagerie. »
Quelle sera la suite de ce projet ? Impossible à dire aujourd’hui, même si son accueil fut une réussite. L’idée d’un flat-tracker sur base de quatre-cylindres n’est toutefois pas si farfelue : dix ans avant le règne des twins RS qui dominèrent la discipline avec Bubba Shobert (#1 & 67) ou Ricky Graham (#3), Rick Hocking roula en 1974 avec un CB 750 monté dans un cadre Champion (photo P. Debarle).