Aujourd’hui je vous propose de partir à la rencontre des Classic Riders, un réseau de 5 000 passionnés de motos vintage présent dans 25 pays du monde. Pour comprendre ce phénomène à la croisée des cultures moto et web, j’ai passé un moment avec son fondateur, Dominique Dutronc. Départ pour New-York la cosmopolite, là où tout a commencé.
Origin Story new-yorkaise
En 2012, Dominique Dutronc débarque à Manhattan et l’atmosphère lui insuffle un désir d’évasion. Ni une ni deux, il passe son permis deux roues et s’achète une Bonneville. Il propose ensuite à des amis de le suivre dans son élan et constitue un petit groupe de gentlemen riders pour partir en balade. A cette époque, le groupe ne porte pas encore de nom.
Dominique: « Rouler à New York, c’est hardcore ! Tu as des trous béants dans la route, les taxis drivers sont fous et personne ne regarde dans le rétro parce qu’ils n’ont pas l’habitude des motos, alors ça déboite de tous les côtés ! Du coup on allait plutôt rouler autour de New York, dans ce qui s’appelle la Tri-state area pour des mini road trip. Rendez-vous le matin dans un café de Manhattan et retour le soir, rincé ! »
Les cinq potes créent un groupe Facebook pour s’échanger des infos et des photos. Dom s’achète un argentique et se met à shooter les sorties. Puis il baptise le groupe le New York Classic Riders, pour véhiculer leur intérêt pour les belles machines vintage. De post en post, le phénomène gagne en notoriété sur les réseaux. Le format ouvert du NCR plait beaucoup, moins contraignant que les habituels MC (moto clubs) américains. Au fil des ans, la popularité du groupe continue d’augmenter ainsi que le nombre de participants aux balades, jusqu’à devenir victime de son succès.
D: « Durant la plus grosse balade de New York, on était une soixantaine. J’ai dû mettre le holà. Avoir soixante motards à la queue leu leu c’est pas très cool pour le mec en bout de fil et en termes de responsabilité, si quelqu’un se crash, c’est chaud. Surtout aux USA où on fait des procès pour un rien ».
Depuis, la communauté new-yorkaise organise ses sorties en sous-groupes de dix pour éviter l’effet parade.
D’abord New-York, ensuite le monde!
En 2017, Dominique se dit qu’il aimerait tester la formule ailleurs. Des amis parisiens lui font déjà des appels du pied alors la capitale est choisie pour la création de la seconde communauté. Le Paris Classic Riders est né ! Puis ses désirs d’expansion rencontrent ceux d’anciens membres du club de New York qui souhaitent créer une branche chez eux. C’est le cas d’un ancien collègue qui créera l’antenne de Dubaï.
D: « À New York, tu as une majorité d’expatriés qui peuvent n’être là que pour quelques années seulement. »
Il met ensuite en place une charte qui définit l’esprit Classic Riders et échange avec ceux qui désirent animer une communauté locale. Il utilise également tous les outils web à sa disposition pour communiquer, conseiller et organiser.
D: « Mon téléphone c’est un sapin de Noël. »
Toujours financier le jour, il devient, le soir et le week-end, le manager omnipotent et fou de cette joyeuse entreprise. Malgré tout le soin qu’il met dans la sélection des community managers, il ne peut leur transmettre sa propre motivation. Alors que certains groupes prennent leur envol, d’autres restent éternellement en veille.
D: « Je n’ai compris que plus tard que je faisais du community management. Dans un second temps ce que j’ai commencé à faire c’est de former les community managers des plateformes locales ».
Recrutement de managers, développement international, qu’il s’agisse d’une déformation professionnelle ou d’un trait de notre époque, son approche est hyper entrepreneuriale. Après une période à essaimer dans le monde entier, il souhaite se concentrer sur la France et les USA, là où le désir d’implication est le plus grand.
D: « Je suis un dingue du contrôle, mais je ne peux pas avoir la main sur tout, j’ai appris à laisser faire et faire confiance. Aux USA on dit : Don’t ask for permission, ask for forgiveness. »
L’humain au coeur du projet Classic Riders
À ce stade de la discussion, je sens que Dominique veut que l’on en revienne à l’essentiel. Il m’explique que les communautés sont locales bien que le réseau soit mondial et c’est très important pour les participants.
D: « On va de plus en plus dans le développement de communautés parce qu’on a besoin de relations locales et désintéressées. Quand les gens veulent s’inscrire sur le groupe, je leur demande quelles sont leurs motivations ; 80 % me disent qu’ils se font chier quand ils roulent seuls et veulent partager leur passion. L’intérêt né quand le groupe devient une plateforme d’échange où les gens organisent spontanément leurs propres balades ».
À juste titre, il note que seules les personnes présentes sur place peuvent faire vivre le groupe. L’objectif : permettre aux membres de se retrouver pour rouler et non pas se contenter d’échanger des contenus en lignes. En somme, l’expérience doit prévaloir sur le virtuel.
D: « J’ai des potes à NY qui se sont rencontrés grâce au groupe de moto et qui ne se quittent plus jamais. »
Sur le plan humain, il est très heureux de ce qu’il se passe en France et de l’implication des administrateurs. Un de ses motifs de fierté, la parité parfaite entre les 5 femmes et 5 hommes qui animent les villes.
D: « Avoir une femme au sein d’une communauté de motards, ça amène une énergie particulière. C’est vraiment très beau. »
Toujours dans cet esprit, la communauté soutient activement le Distinguished Gentleman’s Ride depuis sa création. (Le DGR collecte des fonds en soutien aux hommes souffrant du cancer de la prostate ou de maladies mentales).
D: « C’est dans le même mindset que les Classic Riders, on y a toujours participé. J’ai créé 27 Teams l’année dernière. J’ai demandé à chaque community leader de s’inscrire sur DGR. Au total, on a réussi à collecter pas loin de 100 000 dollars. Ça prouve à quel point la communauté peut apporter. »
Au bout du compte, ce que Dominique a trouvé dans l’univers de la moto c’est une ouverture d’esprit, une belle convivialité et une solidarité inconditionnelle. Alors il désire que la communauté prolonge cette énergie et c’est tout le mal qu’on leur souhaite. Sachez enfin que les Classic Riders seront présents ce week-end à la Normandy Beach Race.