Le Bobber dont on va parler maintenant est basé sur le modèle Tiger Cub de Triumph de 1958. Un 200cc au petit gabarit qui conviendra parfaitement à sa préparatrice, Emmi Cupp, une Américaine de 15 ans !
Là où tout commence
Alors que les nuages s’enroulent comme une couverture autour des montagnes de la chaîne des Appalaches, la beauté et la majesté mystique de cette nature font mentir ceux qui disent qu’il faut du courage pour habiter ici. Forgés dans ce creuset émergent des personnes parmi les plus talentueuses et les plus polyvalentes que vous pourriez rencontrer. Dans la petite ville de Grottoes en Virginie, vous trouverez l’atelier de préparation LC Fabrication et son propriétaire Jeremy Cupp qui incarne l’éthos de sa région. Mais quand ce préparateur de renom a communiqué sur sa dernière préparation, il a pris tout le monde par surprise. Car ce sublime Bobber Triumph a en fait été réalisé par sa fille de 15 ans, Emmi, qui a nommé son incroyable création « Aunt Tiny ».
Tout démarre le jour où Jérémy se rend chez un ami pour jeter un œil sur un moteur BSA mis en vente. Au milieu des machines à vapeur, collections de voitures et autres bizarreries électriques, il repère un Tiger Cub de Triumph et pense immédiatement à sa fille. La famille Cupp possède une petite collection de moto-cross que les enfants utilisent régulièrement pour laminer la cour. Quelques jours plus tôt, Emmi dit à son père qu’elle aurait aimé que Triumph fasse une petite moto, un modèle qu’elle pourrait conduire. Jérémy convient donc d’un deal avec son ami et repart avec la Triumph Tiger Cub dans le coffre du camion.
Emmi prend les devants
Des enfants de Jérémy, la petite Emmi est celle qui a toujours montré le plus d’intérêt pour le travail de son père. Passant du temps à l’atelier, elle lui donne des coups de main et pose beaucoup de questions. Au départ, l’idée de Jérémy est de retaper le Cub, un cadeau de Noël, pour l’ajouter à la collection des petits monstres de l’arrière-cour. Mais Emmi a une autre idée en tête.
Au bout de quelques jours, elle a déjà réalisé des dessins et la première chose qu’elle souhaite faire est d’enlever le bras oscillant. Le père et la fille passent donc un peu de temps à apprendre à tordre des tubes et Jérémy fait ensuite le travail de soudure. Plus tard, Emmi lui demande s’il peut lui apprendre à souder au TIG, ce qu’il fait. Au bout d’une heure ou deux, la voilà qui soude comme si elle était née pour ça. À partir de ce point, son père la laissera se débrouiller avec les soudures.
Le travail continue
Comme l’avant et les roues ne conviennent pas, Jérémy fouille dans son cabanon et ressort avec un set up de Yamaha MX 100 de 1980. Mais tu ne peux pas simplement boulonner un avant de japonaise des années 80 sur une anglaise de 58. Donc Emmi dessine des pièces et Jérémy lui donne un cours intensif de Fusion 360 pour les modéliser.
Les roues sont démantelées et thermolaquées. Il utilise la roue avant comme base d’apprentissage et lui laisse rayonner la roue arrière seule.
Ensuite, il faut s’occuper du réservoir d’essence et du réservoir d’huile. Comme il s’agit de les réaliser à partir de zéro on aurait pu penser que Jérémy prenne le relais à ce stade. Grave erreur. Fidèles aux dessins d’Emmi, ils réalisent des profilés en carton, puis en bois. Après une rapide leçon, la voilà qui tape des morceaux de métal au marteau pour les mettre en forme. Jérémy se charge ensuite des petits réglages et le processus continue de la sorte. Une fois tout cela terminé, le cadre et les petites parties sont expédiés pour un poudrage.
Bien que ce ne soit pas sa partie préférée, Emmi apprend également le travail de peinture. Son père s’occupe du gros œuvre et elle se charge du lettrage et des rayures.
Pour ce qui est du cuir, elle sait déjà le travailler grâce à son activité de création de porte-monnaie fait main. Du coup, la confection de la selle est un jeu d’enfant. Elle la dessine, puis la taille dans le cuir et l’assemble avec son speedy stitcher.
Un obstacle avant l’arrivée
Alors qu’ils ont démonté le moteur du petit Tiger Cub, Jérémy et son apprenti se confrontent au premier obstacle de la préparation du bobber. Le monocylindre est foutu. Tout, à part les carters, doit être réparé ou changé. Avec le COVID en pleine recrudescence et des pièces devant parvenir d’Angleterre, Emmi a maintenant du temps devant elle. Alors elle décide de tout sabler et polir. Elle comprend aussi rapidement que toutes ces pièces détachées coûtent de l’argent. Alors elle travaille pour son père, exécutant des travaux sur la CNC pour couvrir ses dépenses.
Avec un nouveau carburateur et un nouveau moteur, la machine roule en plus d’être belle. Une fois le moteur installé sur le cadre, il s’agit enfin de tout câbler. Jeremy dessine un diagramme et lui fait une leçon rapide sur la manière de souder les câbles. Une fois encore, Emmi se met à la tâche, donnant l’impression que cette partie du travail considérée comme la plus frustrante est une partie de plaisir. Son papa la regarde faire, assis sur un tabouret.
Désormais, Emmi est une star du custom. On l’a invité au Fuel Cleveland pour montrer son Tiger Cub Bobber qui a également remporté la troisième place du Coronavirus Bike Build de Roland Sands. Combien de temps encore avant qu’elle ne devienne officiellement l’associée de son père ? On vous tiendra au courant !