Ingénieur, soudeur, designer, mécanicien, Brian Kates réunit les skills d’un préparateur prêt à tout. Dans son atelier, il dit créer des « Frankensteins » faits de morceaux de moto réunis dans un même monstre. Un bobber « old school », basé sur une Yamaha XS650 a récemment rejoint le séduisant freak show de Motobrix. Retour sur la naissance d’El Bob.
Bobber du dimanche
Bobbed veut dire coupé, raccourcit. Le Bobber, c’est la moto dépouillée de tout le superflu pour pouvoir gagner en vitesse sans débourser un rond. Alors le préparateur originel (souvent un vétéran qui possède des compétences en mécanique) met sa moto à nue pour aller courir le week-end sur circuit. Si elle ne finit pas en pièce, on remonte les éléments pour aller au boulot en semaine sans se prendre une amende.
Pour Brian Kates de Motobrix, faire un bobber avec cette Yamaha signifie explorer un style dépouillé, mais également mettre son savoir-faire à l’épreuve. Ce qu’il fait de bout en bout avec cette préparation qu’il amène jusqu’à un style intemporel.
Sous le tas de neige
Après-guerre, le courant minimaliste infusait toutes les disciplines artistiques avec son idée obsédante : faire plus avec moins. C’est peut-être ce principe qui a guidé Brian lorsque, tombée nez à nez avec une pile de bouts de motos, sa créativité s’est mise en marche.
La base de sa préparation : 200 dollars de pièces détachées couvertes de neige, empilées à l’arrière d’une camionnette. L’idée de Brian avec cette bécane était d’amener ses compétences en fabrication au niveau au-dessus. La moto est sans batterie, avec un allumage au kick, un sélecteur de vitesse type « suicide », un embrayage au pied, pas de clignotants avec un réservoir et un garde-boue en acier brut.
Les roues
Pour monter ses roues, il utilise des moyeux prélevés sur une TX500 qui se trouvaient également dans la pile. Ces derniers sont des modèles adaptés aux rayons, il peut donc installer des jantes noires de 18 pouces à l’avant comme à l’arrière avec des rayons en acier inoxydable. Une fois ses roues montées, il les habille d’une paire de pneus Firestone Deluxe Champion de 4,50 x 18 pour retrouver le look de l’époque. Devant, la fourche raccourcie rééquilibre la moto, tandis que le freinage fait l’objet d’une révision complète et intègre intelligemment des pièces actuelles.
La partie cycle
La partie cycle est équipée de disques Ducati Monster et d’un étrier avant Ninja ZX-7R. Une nouvelle durite tressée et un nouveau maître-cylindre confèrent une puissance de freinage impressionnante au petit bob, sans rien enlever à son look.
D’un autre côté, les changements de vitesse sont à l’ancienne et sans concession. Brian a fabriqué une jolie commande suicide qui place le levier juste au niveau de la main, à côté du siège. Avec l’embrayage à pied utilisant un actionneur et des liaisons de style similaire pour une installation super soignée.
Le secret du réservoir
Le look de la Yamaha est conservé, épuré et simple, mais ça ne signifie pas l’absence d’inventions discrètement intégrées au bobber de Motobrix. Comme l’idée de Brian pour booster la capacité en essence, limitée par le petit réservoir, certes élégant. Il décide de laisser le réservoir d’huile sous le siège, élément récurrent sur les bobbers, et l’utilise comme réservoir d’essence auxiliaire.
Style radical
Au-dessus de l’installation soignée, le siège à ressort chromé constitue l’unique amortisseur arrière. Il est fini avec un superbe siège en cuir très lisse aux lignes de couture en diamant. Après cela, le petit réservoir assorti au garde-boue en acier brut complète la carrosserie minimale.
Le guidon fait-maison convient parfaitement au style général avec ses poignées en cuir marron et sa finition brute qui font partie de la philosophie de conception cohérente de Brian. Le cadre et le faux réservoir d’huile sont les seuls éléments peints en couleur crème.
Moteur
Le moteur bicylindre de 650 cc provient du même tas de pièces détachées que le reste de la moto alors impossible de le monter sans précautions. Tout d’abord, il est passé au vapor blasting et réalésé avant d’être entièrement remonté. Pour rester simple et dépouillé, il n’y a pas de batterie, juste un boitier CDI Hughs Handbuilt et un condensateur pour compléter le circuit électrique.
Mais tu peux entendre comme ça tourne bien grâce à un jeu de filtres en mousse et au pot d’échappement fait main qui enveloppe la moto en quinconce. En somme, El Bob est une préparation rustique, minimaliste et sans concession. Rider sensible s’abstenir !