Quelque part dans les Alpes suisses, vous pourrez entendre le chant d’une anglaise sillonner des routes que nous affectionnons tant. Et connaissant votre amour pour le vieux twins britanniques, vous ne devriez pas être insensibles à la Triumph T120 de 1971 de David Bogusch, allias Goliath Motorcycles : un joyau brut taillé pour la course.
Pour l’amour des vieux twins
Du haut de ses 30 ans, David n’en était pas à son coup d’essai. En amateur passionné de restauration et transformation de motos, cette T120 n’était pas moins que le cinquième projet qui occupait ses soirs et week-ends, dans son atelier de Saint Gall. Parmis eux, il compte notamment deux restaurations de Norton ; une CS1 des années 30 et plus récemment, une Commando de 1968.
Ce dernier projet concrétisé fin 2018, David avait besoin d’une nouvelle monture sur son pont. C’est en déambulant sur un rassemblement qu’il tomba sur ce diamant brut. Le moteur de cette T120 était en effet passé entre les mains d’un spécialiste, vingt ans auparavant, et avait un fort potentiel ! Avec un arbre-à-cames amélioré, un vilebrequin équilibré, des soupapes usinées, une pompe à huile gonflée et un embrayage à sec Bob Newby, la vieille anglaise cachait bien son jeu et sa rénovation se devait de développer son ADN de compétitrice.
Faire de cette machine un tracker street legal et fidèle à l’héritage Triumph était alors une évidence pour David. En échangeant avec son propriétaire de sa vision, qui était de toutes façons trop occupé avec différents projets, il le convainc de sa validité et signa la vente en une poignée minutes.

Et si vous interrogez David sur ce qu’il avait en tête, il vous répondra qu’il voulait lui offrir une signature visuelle en accord avec le moteur typé Gasser motocross. Une belle machine qui n’attirait pas seulement l’attention par son l’élégance de ses formes mais également par ses capacités dynamiques. Il était également important qu’elle soit exploitable sur route ouverte et qu’elle puisse être chevauchée au quotidien.
A l’arrivée dans l’atelier
Pour David, rénover ou transformer une moto est un challenge de chaque instant. Entre la quantité d’outils spécifiques et l’apprentissage autodidacte, certaines tâches basiques pour un professionnel peuvent relever du défi pour beaucoup d’amateurs passionnés. Selon ses mots, « si vous ne suivez pas un enseignement professionnel mais apprenez chaque aspect du métier par vous même, il y a souvent des tâches occasionnelles qui vous prennent des heures de main d’œuvre. Par exemple, rayonner les roues était délicat pour m’assurer de ne rien abimer. »
Convertir ce bon vieux T120 en tracker a tout d’abord nécessité de repenser légèrement la boucle arrière pour y installer une selle monoplace. Côté partie cycle, l’ensemble des suspensions a pu être poli et conservé. Pas de révolution non plus au niveau du freinage. David est en effet reparti des moyeux à tambours d’origine – avec leurs imposantes écopes si caractéristiques – pour monter une paire de cercles modernes et deux imposants pneus de flat track.
Ses connaissances – autodidactes – en CAO lui ont par ailleurs permis d’intégrer des pièces uniques en aluminium. Parmi elles, David a intégré un phare double dans une plaque rectangulaire, fidèle à l’esprit tracker, une pate de fixation du compteur ainsi que quelques joints et entretoises. Il en a par ailleurs profité pour rependre entièrement le faisceau en y intégrant un système de verrouillage M-lock, un compteur Stack et un démarreur électrique.
Le respect de l’héritage Triumph
Dans sa logique d’offrir une apparence en phase avec le joyau de motorisation autour duquel David a travaillé, il a fait appel à Ersin de Redmax Speedsop pour lui créer une peinture fidèle à l’héritage Triumph. Le choix du logo retro et les coloris crème, bleu roi et or rendent un fière hommage aux Bonneville des 70’s, appuyé par le côté imparfait du fait-main.
Pour la sellerie, David s’est entouré de Götz Manufaktur pour créer une pièce au look authentique. Avec le choix d’un épais cuir grainé et des piqures manuelles, le résultat respire l’artisanat et semble avoir traversé les ages.
Au coeur de l’anglaise
La motorisation ayant eu beau bénéficier d’un traitement particulier il y a vingt ans de cela, David a poursuivi la démarche de fiabilisation. L’ajout du démarreur électrique a notamment nécessité l’installation d’un alternateur plus puissant. L’admission a également été rafraîchie sur la base de carburateurs Mikuni -provenant d’une Yamaha XS650 – et de deux tulipes chromées. Cette greffe a par ailleurs nécessité l’adaptation de nouvelles pipes d’admission.
Cette T120 incarne pour moi le meilleur de la philosophie cafe racer. Avec son allure discrète, ses choix authentiques et son fonctionnement fiabilisé, cette T120 à tout de la daily ride de mes rêves ! Et à en croire les mots de son créateur, cette Bonnie est une sprinteuse et le son du twin qui résonne – dans les montagnes, l’excusé du peu – est jouissif. Gute Arbeit, David !
David Bogusch / Goliath Motorcycles – Site Web | Instagram | Facebook
Photographie : Fabio Martin