Dire d’une Ducati qu’elle a du caractère relève du pléonasme. Mais rien n’empêche de pousser encore les curseurs pour tendre vers une personnalité exacerbée. Démonstration avec cette Ducati 1200 SS à la croisée des chemins.
Gènes de 1000 SS de 2005
Regard décalé en clin d’œil, carénage tout droit sorti d’une course des années 1970 mais composants modernes bien brillants, pneus et peinture lisses comme le verre, avouez qu’elle vous intrigue, cette bécane. Un physique à la croisée des mondes qui aimante le regard pour mieux vous faire rentrer dans l’histoire d’une prépa d’orfèvre réalisée par les studios Scales, aux Etats-Unis. Pour en reconnaitre la base, être expert en italienne ne suffit guère. Le patronyme, lui, met sur la voie autant qu’il brouille les pistes : Ducati 1200 SS. Les gènes de cette transalpine aux yeux vairons sont multiples et la fusion particulièrement réussie. Pourtant, Dieu qu’il est difficile de sortir du lot lorsque l’on prend pour base de travail un modèle de la firme de Bologne. En l’espèce, il s’agit d’une 1000 SS de 2005. Un événement en soi puisque cette sportive n’a jamais couru les rues outre-Atlantique. A peine 80 modèles ont en effet pris le bateau pour aller rendre visite à l’Oncle Sam.
Inspiration MV
Sur cette base rare et plus si jeune, les hommes de Trever Scales, le fondateur de Studio Scales, ont presque tout repris. A part le cadre treillis tubulaire et l’esprit d’une moto sportive, ne reste rien de la 1000 SS d’origine. Esthétiquement, la maison américaine a souhaité se rapprocher des machines de course MV Agusta des années 1970, grâce à une tête de fourche profilée typique de l’époque mais aussi un réservoir conçu pour l’occasion. Mais avant qu’une couche de Kevlar et quatre couches de fibre de carbone ne viennent matérialiser l’ensemble, il aura fallu pas moins de 400 heures pour seulement modeler la pièce. Mais, une fois n’est pas coutume, c’est peut-être l’arrière de la Ducat’ que l’on préfère regarder. On peut d’abord y admirer une boucle fuselée qui colle parfaitement au style général mais on remarque surtout les deux énormes canons qui en sortent.
80 heures pour l’échappement
Contrairement à la 1000 SS dont les silencieux masquent la jante arrière, les échappements ont ici été relevés jusque sous la selle. La tuyauterie en 2-1-2, dessinée sur logiciel 3D pour optimiser les performances du bicylindre, a nécessité 60 heures de découpe et de soudure puis une vingtaine d’heures supplémentaires pour le polissage. En voyant les tubulures brillantes courir le long du moteur et du cadre, on se dit que ce temps a été fort bien investi. Que l’éventuel pilote qui sommeille en vous se rassure, une isolation thermique en alliage a été fabriquée afin de dissiper comme il se doit la chaleur sous la fine selle monoplace. Aucun risque pour le cuir sous le séant…
Des composants modernes pour la Ducati 1200 SS
Pour les genoux, en revanche, il va peut-être falloir s’équiper. Les équipes de Trever n’ont pas fait qu’embellir cette Ducat’, ils ont aussi travaillé sur la partie cycle, afin de la rendre plus violente. Pour ce faire, un boulot conséquent a été fait côté mécanique. Comme son nom l’indique, le moteur qui anime cette série spéciale cube 1200 cm3. Mais il n’est pas uniquement le 1000 cm3 de la SS originelle, il est en réalité un bloc de Monster 1100 Evo de 2012. Comme si ses 1078 cc ne suffisaient pas, les ateliers Scales ont confié le bicylindre à 90° au DucShop d’Atlanta. Pistons, arbres à cames, boitier électronique de contrôle, le « gros œuvre » a consisté à moderniser la mécanique sans oublier de la rendre plus performante. Les chiffres n’ont pas été communiqués mais il y a fort à parier que cette 1200 SS avoisine les 120 ch. Ce qui explique aussi que les autres composants de la partie cycle soient au diapason : fourche et amortisseurs Öhlins, freins Brembo avec étrier radiaux 4 pistons à l’avant hérités d’une 1098S, jantes en fibre de carbone, le tout assorti de quelques pièces Rizoma.
Contrairement à des nombreuses prépas, cette Ducat’ 1200 SS n’est pas un « one shot ». N’allez pas rêver d’une production en série, mais les ateliers Scales ont acté la fabrication de quatre modèles, à plus de 80 000 € la pièce. Un prix délirant certes, mais qui récompensera les 1 600 heures que réclamera chacune de ces pièces de maître.
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