Cela peut paraître bizarre, sinon sadique, que je vous parle de virées à moto alors que vous ne pouvez pas aller à plus de dix kilomètres de votre pas de porte. J’ai la chance d’habiter en Catalogne, à 43 km de Barcelone. Ici les seules restriction de déplacement sont les frontières de notre belle région. Visca Catalunya ! Mais pourquoi ne pas en profiter pour prendre des idées pour vos futures virées à moto ?
Quillan c’est l’heure, faut y aller !
C’est ce que je vous propose avec cette série sur des itinéraires sympas à moto dans les Pyrénées. J’ai fait mes premières armes à moto sur les routes de montagne du Béarn, d’Iparralde (le pays Basque français) et des Hautes-Pyrénées. Et maintenant que j’habite en pays catalan depuis plus de deux décennies, j’ai appris à connaitre les routes pyrénéennes par le menu et des deux côtés de la frontière.
C’est bien beau de papoter, mais là il faut rouler. Nous entamons donc ce premier itinéraire à Quillan, petite bourgade dans l’Aude, avec son église romane du XIIè siècle et son château-fort du XIIIè. Juste après Belvianes-et-Cavirac, la D 117 se rétrécit pour se faufiler dans les gorges de Pierre-Lys, à l’aplomb du Belvédère du Diable. Bien que la route soit plutôt bien asphaltée, il vaut mieux se retenir d’envoyer du lourd. Il faut dire que trouver un autocar ou un camion qui empiète sur votre file en plein virage, ça fait tout drôle. Trois kilomètres plus loin, au rond-point de Pont d’Aliès, vient le moment de prendre la première sortie et d’emprunter la D 118 en suivant la direction Axat et Font-Romeu.




Laissons ce petit village, autrefois célèbre pour ses forges, sur les bords de l’Aude et poursuivons vers les Pyrénées. À peine sortie d’Axat, la route entre dans les gorges de Saint-Georges. Ici, elle est déjà étroite devient presque un chemin communal. Et en plus, la paroi rocheuse qui recouvre en partie la chaussée peut causer des déconvenues pour camping-cars et camions. Ce qui à son tour bouche tout le trafic dans le coin : un jour je me suis retrouvé en train de faire une pause-cigarette à même la moto à cause d’un semi-remorque bulgare qui s’était coincé là en descendant depuis les montagnes !
Usson
Après 19 kilomètres de virages et de bitume quelque peu défraîchi, nous arrivons à Usson. Ici, nous quittons la D 118 et nous nous dévions vers la droite sur la D 16 vers le château d’Usson, dont on distingue les ruines depuis l’intersection. Après une pause pour admirer ces ruines dignes du Seigneur des Anneaux, soit nous poursuivons jusqu’à Le Pla pour ensuite rejoindre la D 118 par la D 25, soit nous restons sur la D 16 pour arriver à Quérigut. Ce joli petit village typique du Donezan abrite lui aussi un château médiéval en ruines, en plus d’avoir été un haut-lieu de la Résistance. On peut aussi y voir des plaques de rue dans le catalan local, qui est à la croisée des chemins entre l’occitan, le catalan et l’aranais, ce dialecte occitan du val d’Aran.





Après cette halte bien méritée (surtout pour ceux et celles qui roulent avec des guidons bracelets), on rejoins la D 118 par la D 16 / D32 juste avant d’arriver sur la station de ski de Formiguères. À partir d’ici, la route devient plus facile à vivre, avec un bitume moins accidenté, de longues lignes droites et des virages ouverts.
Et une fortification de Vauban, une !
Du coup, nous arrivons à Mont-Louis en un rien de temps. Le principal attrait de ce lieu est le Fort de Mont-Louis, une des fortifications de Vauban les mieux conservées, car encore en activité. En effet ce fort héberge le CNEC (Centre national d’entraînement commando) qui, à part former des commandos parachutistes, dispense également des cours d’aguerrissement pour les journalistes qui se voient envoyés en zone de conflit ainsi que pour les élèves des grandes écoles. Pour la petite histoire, avant que l’architecte militaire y jette son dévolu, le site sur lequel se dresse le fort était l’emplacement du village d’Ovança. Chose surprenante pour un site d’entrainement militaire, les fortifications peuvent se visiter lors de visites guidées.





Si vous êtes plutôt branchés science que stratégie militaire, à 10 km vous arriverez á Odeillo (ou Odelló en catalan), où se trouve l’un des deux plus grands fours solaires au monde. Les amants d’architecture incongrue pourront également s’extasier devant le bâtiment de l’ancien Grand Hôtel de Font-Romeu, un énorme édifice Belle-Époque qui abrite désormais des appartements.
Un dernier petit effort !
Heureusement, le dernier tronçon d’une petite vingtaine de kilomètres entre Mont-Louis et Bourg-Madame se fait par la N 116, l’axe principal reliant Perpignan et Foix, en plus d’être l’axe donnant accès à la comarca (canton) de l’Alta Cerdanya (Haute-Cerdagne) de l’autre coté de la frontière. C’est donc très roulant quoique souvent avec un trafic assez soutenu.




Bien qu’assez court (un peu moins de 100 km), cet itinéraire est assez intense en raison de la nature plutôt dégradée du bitume. De plus, il ne faut pas oublier la règle selon laquelle faire 100 kilomètres en montagne est l’équivalent d’en faire le double en plaine. Et entre une chose et l’autre vous pourrez bien y passer une bonne partie de la journée ! Mais pour ceux qui se rendent en Espagne, ça peut être une option intéressante. Après tout, depuis Bourg-Madame, Barcelone n’est qu’à 167 km et moins de trois heures, même en évitant les péages. Et en plus vous passerez par une autre belle route pyrénéenne dont je vous parlerai une autre fois.
Photos : Google Earth / Viquipèdia
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