L’histoire de la moto est jalonnée de machines légendaires, mythiques et révolutionnaires. La Kawasaki 750 H2 Mach IV est de ces motos-là. Au tout début des années 70, cette « faiseuse de veuves » était LA moto. Et même aujourd’hui, alors que le sigle H2 appartient à un bolide de 310 CV capable de dépasser les 300 km/h, la Mach IV conserve son aura et son attrait auprès des connaisseurs de belles mécaniques.
La faiseuse de veuves
Situons un peu la moto. Déjà forts de leur H1 Mach III, une trois-pattes 500cm3 2-temps, Kawasaki voulaient faire encore plus fort. Et en 1971, ils dévoilaient la 750 H2 Mach IV. Parlons chiffres : un moteur deux-temps de 750cm3, trois cylindres, trois carburateurs Keihin de 32mm, 74 CV, 190 km/h en pointe et pouvant faire le 400m départ arrêté en 12 secondes, le tout pour moins de 200 kilos. À l’époque, c’était du jamais vu, au moins sur une moto de route. D’ailleurs, lors de sa présentation, les journalistes n’en revenait pas ; Il n’avaient jamais eu affaire à une moto pareille. La concurrence – toutes des motos quatre temps bien plus lourdes – était complètement larguée. Et très vite, la Kawasaki 750 H2 Mach IV s’est taillée une réputation sulfureuse. Une réputation de tueuse de motards qui lui colle encore encore aux carters.

Il faut dire que les ingénieurs avaient tout misé sur le moteur démoniaque de la Kawasaki 750 H2 Mach IV et ses 74 chevaux qui arrivaient d’un coup à 6 800 tours/minute. En-dessous, c’était creux et au-dessus, plus rien. Un vrai moteur de course. Tout le reste était secondaire. À cause de ses tubes bien trop fins, le cadre double berceau en acier manquait de rigidité et se tortillait à chaque coup de gaz en ligne droite. Sur l’angle, ce n’était guère mieux. Le bras oscillant bien trop court ne faisait que rajouter au manque de stabilité.
Les suspensions étaient du type « pompe à vélo ». À chaque sollicitation, la fourche de 36mm guidonnait joyeusement – quoique, vu l’empattement plutôt court de la bête, la roue avant passait pas mal de temps en l’air. D’ailleurs, les premiers modèles de la Kawasaki 750 H2 Mach IV avait deux amortisseurs de direction pour essayer de mettre de l’ordre dans tout cela. Quant au freinage, il était largement insuffisant. D’ailleurs Kawasaki proposait un frein avant double disque en option (d’où les fixations prévues sur le fourreau de fourche droite), ce qui en dit long. Mais bon, avec des étriers simple piston et des disques pleins, l’amélioration était toute relative…
Smoke on the bitume…
Mais tout comme la H2 moderne, la vraie star, c’était le moteur. Ses trois gamelles refroidies par air paraissaient déborder du cadre. Au démarrage, il lâchait une cacophonie métallique menaçante ; la Malag’ à Lulu pouvait aller se rhabiller. Chaque coup de gaz produisait un bruit et des volutes de fumée âcre à en faire s’évanouir un député d’EELV… fume, c’est d’la bonne ! Et quand à la conso, ce n’était pas rare de voir 11l / 100 km ! Tiens, un autre député écolo vient de faire une syncope. Autres temps, autres mœurs.



Chainsmoker
C’est sûr que les jeunes kékés actuels peuvent rire des performances de la Kawasaki 750 H2 Mach IV ; leur R1 full barouf’ Rossi Replica l’enrhume à fond de seconde ! Mais invitez-les à faire un tour sur la faiseuse de veuve, et ils risquent vite de rire jaune. Car pour atteindre les 190 km/h en pointe, il faut affronter la peur et aller au-delà. Il n’y a pas de filets de sécurité électroniques pour vous faciliter la tâche. La moindre erreur, la plus petite hésitation se paie cash.


Entre de bonnes mains, la Kawasaki 750 H2 Mach IV peut être une moto remarquable ; mais entre des mains moins habituées, elle faisait – et fait encore – honneur à son surnom macabre.
La Kawasaki 750 H2 Mach IV qui illustre cet article appartient à Paul Brace. Il s’agit d’un modèle de 1974 entièrement dans son jus ; même le pneu avant est d’origine ! Déjà qu’ils n’étaient pas terribles neufs, avec une bonne quarantaine d’années dans les dents ça doit être carrément terrifiant. Je vous invite donc à regarder le petit film et de repartir à l’époque où la faiseuse de veuves était reine.
Source : Silodrome – Web / Facebook / Instagram
Photos et video : Brightside Media
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