Avec sa carrosserie en acier d’un aéro-dynamisme parfait, la Royal Enfield Continental GT 650 « Jaeger » de l’atelier Bandit9 déboule tel un avion de chasse. Entre les contraintes de départ et le résultat final, les préparateurs réalisent une prouesse de haute voltige avec ce kit bolt-on.

Né quelque part…
Originaire des Philippines, Daryl Villanueva n’a pourtant pas choisi les trottoirs de Manille pour apprendre à marcher. C’est à Hong Kong, Melbourne, Kuala Lumpur, Los Angeles, Dubaï et Pékin qu’il a grandi, étudié puis travaillé. Maintenant, il est posé à Hô Chi Minh-Ville, au Viêt Nam. C’est là qu’en 2011, il a fondé l’atelier de customisation Bandit9.

En dix ans, Bandit9 n’a réalisé que sept modèles différents de préparations. Dès le premier coup d’oeil à leurs créations, on comprend immédiatement pourquoi l’atelier produit en si petite quantité. Silhouettes tirées au cordeau, designs épurés, carrosseries entièrement d’acier : Daryl et ses collaborateurs misent indéniablement sur la qualité. À l’occasion d’un récent projet, le Philippin a même a inventé le terme de « moto-horology » pour qualifier son travail. En évoquant la haute horlogerie, il met ainsi clairement l’accent sur la méticulosité.

De l’Inde vers l’Indochine
La Jaeger, dernière création de Bandit9, porte un nom qui, lui aussi, ne manque pas d’évoquer le domaine de l’horlogerie. Basé sur une Royal Enfield Continental GT 650, ce projet est à l’initiative de la marque indienne elle-même. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la firme basée à Chennai sollicite l’atelier indochinois. Lors d’une collaboration précédente, Bandit9 a réalisé deux préparations. La première, baptisée Arthür, a pour base une Continental GT 535, et la deuxième, Merlïn, une Bullet 500.

Après deux modèles bâtis sur un moteur monocylindre, Royal Enfield propose à Daryl de travailler sur un bicylindre. Par souci de montrer que leurs nouveaux modèles sont customisables sans modifications profondes de la moto de base, les Indiens donnent pour consigne à l’atelier de construire un kit bolt-on. Rappelons que ce terme, traduisible par l’expression ‘entièrement boulonné’, signifie qu’il ne faut pas toucher au cadre. Les préparateurs ne peuvent même pas s’autoriser le perçage de petits trous dans les tubes d’acier pour déplacer les points d’attaches. Cela représente un véritable défi pour eux : celui d’être le plus créatifs possible dans le respect de la silhouette générale. Même si Daryl avoue que la difficulté majeure de ce challenge se trouve-là, il n’hésite pas pour autant à l’accepter. Il se prend même tellement au jeu que ses collaborateurs et lui refuseront toutes propositions ultérieures pour consacrer six mois de leur temps à ce projet.

Reculer pour mieux allonger
Déterminé malgré les consignes à étirer la silhouette de la petite Indienne, Daryl parvient avec brio à reculer le bras oscillant et la roue arrière sans changer leurs points d’attache sur le cadre. Il accentue l’allongement en donnant des lignes fines au carénage, au réservoir et au capot arrière qu’il dessine. Toutes ces éléments sont en acier. Les poignées, les interrupteurs, les leviers, les rétroviseurs et les échappements le sont aussi. Les silencieux sont taillés en biseau. Les boutons de commande ne dépassent pas des poignées. Ils donnent ainsi l’impression que le tout est taillé dans un seul bloc d’aluminium.



Il n’y a pas que sur le plan visuel que Bandit9 réussit a transformer la Continental GT puisque ils arrivent à lui faire perdre environ 17-18 kg sur la balance. Quand on sait qu’il a plus de métal et moins de plastique sur la Jaeger que sur la moto d’usine, on ne peut qu’être bluffé. D’ailleurs, Daryl et ses collaborateurs ne possèdent pas d’imprimante 3D. Il effectuent tout leur travail au marteau et à l’enclume.

Avec la Jaeger, Bandit9 réalise un bijou d’orfèvrerie. Dans le travail effectué sur le bras oscillant, Daryl Villanueva prouve même qu’on peut allonger la silhouette d’une moto sans toucher à son cadre. Royal Enfield peut ainsi montrer que ses nouveaux modèles constituent des bases idéales pour la personnalisation. La Jaeger n’est pas une moto unique mais une mini-série à neuf exemplaires. Il est possible, en se dépêchant, de commander le kit ou la moto préparée sur place. Le tarif, frais d’expédition inclus pour le monde entier, s’élève à 29 000 $ (23 800 €).

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Crédits photos : Bandit9