Pour sa deuxième réalisation, l’atelier Stoker Motorcycles choisit la Suzuki SV650 comme base et le street tracker comme design. Avec ces deux choix, le préparateur finlandais nous entraîne loin des sentiers battus.

Stoke en stock
Après des études de design industriel et automobile, c’est par les métiers de designer UX et designer UI que le finlandais Antti Eloheimo entre dans la vie active. Pourtant, ses principales passions ont peu de choses à voir avec l’informatique ou le web : surf, snowboard, VTT et moto. Alors, quand son activité professionnelle devient trop frustrante par son absence de création manuelle, Antti décide de changer de voie. C’est à cette occasion qu’il fonde en 2018 l’atelier Stoker Motorcycles.
Le stoker — soutier, en français — était le matelot chargé d’approvisionner en combustible les chaudières des bateaux à vapeur. C’est également par ce mot que les anglophones désignent le cycliste assis à l’arrière d’un tandem. Tous deux ont le même rôle : maintenir une bonne puissance. Ça en dit long sur les préoccupations d’Antti en tant que préparateur. D’ailleurs, la première réalisation de Stoker Motorcycles est un superbike avec une carrosserie en acier riveté qui rappelle les vieux avions de chasse. Elle est basée sur une moto qui appartenait déjà à l’univers de la course : la Kawasaki Ninja ZX6RR. Et c’est donc sans surprise qu’Antti choisit une base dont le moteur peut atteindre des régimes élevés pour son deuxième projet : la Suzuki SV650.

Des bancs de l’école aux bancs de levage
Comme la Ducati Monster et la Kawasaki ER-6, la SV650 est un roadster mid-size doté d’un cadre treillis en acier. Propulsée par un bicylindre en V de 645 cm3 à refroidissement par eau, elle est agile et maniable. Beaucoup de motards la connaissent pour l’avoir pilotée à l’auto-école. En revanche, on la croise moins souvent dans les ateliers de customisation.
Les quelques préparations dont elle fait l’objet tiennent généralement du street fighter ou du café racer. Et c’est parce qu’il n’existe pas encore, à la connaissance d’Antti, de réalisations dans le style street tracker qu’il décide de se lancer dans ce design. La base qu’il choisit pour le projet appartient à la première génération de SV650 et date de l’année 2000. Comme lors de son premier projet, il va améliorer ses performances et la relooker tout en conservant l’usage auquel la moto d’usine était destinée : la ville au quotidien.

Les trois A : Alléger, Abaisser, Améliorer
Beaucoup de projets commencent par un démontage de la moto de base. Celui-ci ne fait pas exception. Grâce à cela, Antti parvient à éliminer beaucoup de pièces. Et même s’il va en rajouter par la suite, il réussira tout-de-même à ramener la bête de 165 à 160 kg.
En plus de l’alléger, il s’emploie à abaisser la moto. Pour cela, il démonte entièrement la fourche pour remplacer ses composants internes et incorporer un jeu d’ajusteurs en pré-charge. Il place également, chose courante sur les préparations à base de Suzuki SV, un amortisseur arrière réglable provenant d’une Kawasaki ZX10R. Puis, contrairement à l’usage qui est de monter des jantes de 19 pouces sur un tracker, il en monte des plus petites, de 17 pouces seulement. Il les équipe de pneus à fort niveau d’adhérence : les Michelin Supermoto Rain.

Ensuite, Antti travaille à l’amélioration des performances. Cela se traduit d’abord par le raccourcissement du rapport de transmission et la fabrication d’un accélérateur à action rapide. Puis, c’est le système de refroidissement du moteur qui est repensé grâce à une nouvelle boite à air à l’avant et des nouveaux couvercles de radiateur imprimés en 3D. Mais les problèmes de surchauffe sur un V-Twin viennent souvent du cylindre de derrière. Pour résoudre cela, Antti place des conduits qui permettent d’évacuer l’air chaud par l’arrière. Le système d’échappement original est remplacé par une ligne deux-en-un au bout de laquelle est fixé un silencieux double de type GP. Et enfin, pour plus de discrétion et de classe, Antti peint intégralement le moteur en noir.

Trackée comme une bête
Ce premier choix esthétique contraste fortement avec les suivants. C’est du blanc à l’avant et du gris à l’arrière que l’on trouve sur la carrosserie. Celle-ci est réalisée dans un monobloc en composite epoxy. Son fond plat est parallèle au sol, élément d’importance majeure dans le dessin d’un tracker.

Une autre caractéristique de ce design particulier est le prolongement à l’arrière de la selle. Son rétrécissement par le bas et les côtés mérite d’être salué tant il est réalisé avec finesse. Le phare arrière situé au bout de la pointe est le plus petit modèle existant homologué pour la route. Les clignotants sont montés sur les plaques latérales numérotées et demeurent quasi invisibles lorsqu’ils sont éteints. Ces deux plaques sont accompagnées par une troisième à l’avant. Avec un guidon de flat track Neken, elles renforcent le côté tracker contenu dans l’ADN de cette Suzuki SV650.
En choisissant une base peu usitée, le jeune atelier Stoker Motorcycles fait preuve d’audace pour sa deuxième réalisation. Avec ce design inédit pour une Suzuki SV650, le préparateur finlandais prouve également qu’il est inventif. Loin des sentiers battus, certes mais… sur de bons rails, assurément !

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Crédits photos : Iiro Muttilainen