Les Triumph Bonneville Bobber ne sont a priori pas des motos conçues pour battre des records de vitesse. Pourtant, les préparateurs de Thornton Hundred ont réussi à faire de l’une d’elles, le bobber le plus rapide du monde.

Les spécialistes du Triumph Bobber
C’est à Milton Keynes (Buckinghamshire), non loin du circuit de Formule 1 de Silverstone, que se trouve l’atelier Thornton Hundred Motorcycles. Presque toutes les motos qui en sont issues ont pour base des Triumph. La plupart sont préparées à partir du modèle néo-rétro que la marque anglaise commercialise depuis 2017 : la Bonneville Bobber.
Avec une puissance de 78 ch, un couple de 106 Nm à 4000 tours/minutes, ainsi qu’un 400 m départ arrêté en 12,5 s à une vitesse de 170 km/h, la Triumph Bonneville Bobber d’usine est une moto qui permet de bien s’amuser sur les routes. Elle peut même éventuellement procurer de bonnes sensations sur les circuits. Mais en revanche, on ne l’imagine pas d’emblée sur les pistes de dragsters.

C’est pourtant là que le fondateur de l’atelier anglais, Jody Millhouse, et ses collaborateurs réussissent à emmener la « WFB ». Car c’est ça l’idée initiale de ce projet : réaliser, à partir de leur modèle de prédilection, une moto qui se distingue, non pas seulement par un design et des finitions à la fois haut de gamme et uniques comme l’ensemble de leurs créations, mais par des performances sportives hors du commun.
D’ailleurs cet aspect a pris de l’ampleur au fur et à mesure que le travail avançait. C’est même devenu une obsession pour Jody pendant les périodes de confinement, au point de se fixer un objectif de taille : atteindre les 200 ch de puissance au vilebrequin.

Un moteur qui carbure au protoxyde d’azote
Pour cela, les préparateurs ont procédé à des modifications importantes sur le moteur. Ils ont incorporé un compresseur Rotrex C15. Ils ont aussi monté des pistons forgés, un embrayage amélioré, un arbre à came personnalisé et surtout, une injection qui permet de nourrir le moteur en protoxyde d’azote. Également appelé oxyde nitreux, ce gaz a pour particularité d’avoir une pression d’oxygène plus élevée que celle de l’air. Si on l’injecte dans le moteur, il entraîne une combustion plus rapide du carburant.
Pour encaisser le comportement particulièrement dynamique de ce moteur suralimenté en oxygène, les préparateurs ont modifié la partie cycle de la moto de base. Ils ont installé des roues plus larges à jantes Excel, sur des moyeux taillés dans des billettes d’aluminium. Ils ont également remplacé les suspensions par des Öhlins et les freins par des monoblocs Brembo.

Le sang, la sueur et les larmes
Après toutes ces opérations, la moto semblait enfin prête à atteindre les objectifs de performances fixés par les préparateurs. Ils prévoyaient de se rendre au Goodwood Festival of Speed pour cela. Mais une semaine avant ce rendez-vous sur la côté sud de l’Angleterre, le moteur d’origine a explosé. « Vous pouvez imaginer le sang, la sueur et les larmes qu’il a fallu cette semaine-là pour installer un nouveau moteur et le faire fonctionner en 4 jours, se souvient Jody. Heureusement, nous y sommes parvenus et nous avons effectué plusieurs essais fructueux à Goodwood ! »
Parler d’essais fructueux n’est pas peu dire… Lors des tests, la puissance à la roue arrière est mesurée à 165 ch sans l’apport de protoxyde d’azote, et 202 ch avec. Alors que l’objectif était d’atteindre les 200 ch au vilebrequin, c’est finalement au niveau de la roue qu’ils sont obtenus. Il faut préciser ici qu’entre le vilebrequin et la roue, la perte de puissance va en moyenne de 12 à 14%.


L’objectif est donc dépassé. Le 400 m départ arrêté, quant à lui, est effectué en 10,49 s. C’est deux secondes de moins qu’avec le modèle d’usine. La vitesse à l’arrivée est de 209 km/h. Grâce à cela, le défi est relevé et la préparation reçoit officiellement le titre de « World’s Fastest Bobber », soit « WFB » en abrégé, le bobber le plus rapide du monde.

Les maîtres de la peinture
Bien qu’absorbés par leur travail sur le moteur, les préparateurs n’ont pour autant pas oublié de donner à leur bolide une parure digne de ses exploits. Pour cela, ils ne pouvaient faire de meilleur choix que de s’adresser à la société Image Design Custom pour la peinture du réservoir. La liste des célébrités et grandes marques pour lesquelles cet atelier, fondé en 2007 à proximité de Londres, a travaillé est tellement longue qu’il serait impossible de la détailler ici. Citons tout de même Jay Leno, Roland Sands, Jenson Button, Henry Cavill et Grayson Perry pour les célébrités. Quant aux marques, il s’agit entre autres, de Triumph, Harley-Davidson et les montres Bell & Ross.
Le travail réalisé par les peintres est d’une telle finesse qu’une description par les mots serait, là aussi, plutôt longue. Heureusement, les photos parlent d’elles-mêmes. Signalons juste qu’il s’agit de la juxtaposition de deux motifs assez sophistiqués. Les détails de chacun d’entre eux, des fils de couleur turquoise tissés sur un fond noir pour le premier, et un nuage de fumée bleue pour le deuxième, sont à la hauteur des performances sportives de la moto.



Vers d’autres défis à relever
Même si une partie des pièces utilisées pour la Triumph Bobber « WFB » sont en vente sur le site internet de Thornton Hundred, il n’est malheureusement pas possible pour l’instant d’acquérir cette moto ou d’en commander une identique. Jody Millhouse la réserve en premier lieu pour son usage personnel. Il n’a pour autant pas l’intention de la cacher chez lui. Il se rend très régulièrement à des salons ou des événements pour l’y montrer.
Par ailleurs, il poursuit sa quête de performances. Le prochain objectif de Jody est fixé pour l’hiver prochain. Son but sera alors d’atteindre les 270-275 km/h en vitesse de pointe et les 300 ch de puissance à la roue arrière. S’il continue de s’aventurer sur le terrain des dragsters, il pourrait bien les battre un jour…
Dans un tout autre esprit, découvrez la Triumph Bonneville Bobber « Lake Placid Blue » par Hide Motorcycles
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