La Honda CX500 peut paraître une base incongrue pour une création custom inédite. Il faut dire que celle que les motards britanniques surnommaient « l’asticot en plastique » n’est pas la plus belle des motos, loin s’en faut. Toutefois, Dotto Creations, un cabinet de design basé à Turin, n’a pas hésité de la choisir pour donner vie à leur première réalisation.
Mais qui sont Dotto Creations ?
Avant de nous pencher sur une des motos préférées des coursiers à moto britanniques des annes 70 / 80, parlons un peu de Dotto Creations. Ce nouveau bureau de design est né de la collaboration de Gianluca Bartolini et Francesco Ianuzzi. Ces deux designers se sont connus alors qu’ils travaillaient tous deux chez le légendaire Pininfarina.
Toutefois, après quelques années au sein de cette entreprise mythique du design automobile, les deux hommes, qui ensemble ont plus de 20 années d’expérience, ont décidé de monter leur propre structure pour exprimer leur propre vision du design auto-moto.
Biancaneve, inspiration érotique
Tout nouveau bureau de design a besoin d’une carte de visite, et c’est ainsi qu’est né le projet « Biancaneve ». Ce nom tiré du titre d’une BD érotique italienne des années 70/80 peut paraitre incongru étant donné le peu de sex-appeal de la Honda CX 500, mais bon, ainsi soit-il.

Cela dit, les seuls éléments de la Honda CX 500 conservés par Bartolini et Ianuzzi sont le moteur, les carburateurs, le cadre, les suspensions et les jantes Comstar. Soit-dit en passant que de nos jours il est quasiment impossible de trouver des Comstar en bon état ; et il est impératif qu’elles soient en bon état, sinon elles sont bonnes pour la benne vu qu’elles sont irréparables à cause de leur conception.



Le moteur a subi un restauration exhaustive, mais nos deux larrons de Dotto Creations ont choisi de ne pas lui apporter des modifications, car les performances ne sont pas le but de ce projet. Il en va de même pour les carbus, quoique ceux-ci ont été mis au point pour fonctionner avec des filtres à aire de type « pod » et des échappements libres.
Blanche comme neige, avec une sacrée surprise…
Non, ne vous en faites pas : je ne suis pas en train de parler d’une de ces personnalités interlopes qu’on peut rencontrer au Bois de Boulogne, sinon de l’élément-clé de cette moto, et celui qui constitue la « carte de visite » de Dotto Creations.
Je parle, bien entendu, de la carrosserie de la bête. Celle-ci consiste d’un élément monocoque comprenant le couvre-réservoir, la selle monoplace et l’ensemble feu arrière/clignotants. Cependant, en regardant la moto, on peut se demander où se trouve la selle, car on est confrontés avec une pièce unique, solidaire et lisse.

Et c’est là le petit truc en plumes en plus de la Biancaneve ! Bartolini et Ianuzzo cherchaient quelque chose qui ferait sortir leur création du lot ; et cet astucieux capot / dosseret de selle est juste ce qu’il faut. Grace à un système assez complexe de charnières, ce capot de selle se soulève tout en basculant vers l’arrière, pour dévoiler une selle monoplace en cuir er Alcantara.

Tout cela pourra paraître insignifiant, mais à nos deux designers il aura fallu des mois pour résoudre deux aspects majeurs : la technique et l’esthétique. Il fallait d’abord créer de toutes pièces un système de charnières qui non seulement déplacerait le capot / dosseret, mais qui servirait de support solide et aussi invisible que possible en mode déplié.



Ensuite, cette pièce mobile se devait d’être aussi esthétique ouverte que fermée. Au vu des illustrations (justement, j’y viens), Bartolini et Ianuzzo ont réussi leur pari. En effet, en mode « capot de selle », l’élément donne une belle fluidité aux lignes de l’habillage en fibre composite. Une fois ouvert et transformé en dosseret de selle, il rallonge visuellement la moto en lui donnant un aspect aérodynamique et streamliné. D’ailleurs, il me rappelle quelque peu le dosseret de selle « Fastback » des premières Norton Commando.
Et pour le reste de la moto ?
Comme j’avais mentionné plus haut, le moteur reste totalement d’origine en termes de cylindrée. Par contre d’autres éléments du projet Biancaneve seront modifiés, voir carrément remplacés par des pièces modernes. Par exemple le gros phare halogène de Mamie CX cède sa place à un Highsider Frame R2 à led – pour mieux voir la route, mon petit. Ensuite, l’accessoiriste allemand Motogadget contribue au projet avec un compteur électronique Motoscope Mini qui trouvera sa place dans un té de fourche sur mesure, mais aussi avec son boitier de contrôle M.Unit. Ce petit boitier est bien utile pour ce type de création, car il permet d’avoir un faisceau électrique minimal ainsi que de se passer de boite à fusibles.

Les suspensions d’origine de la Honda CX500 seront retouchées pour donner une assiette plus sportive à la moto. Des guidons bracelets et des repose-pieds reculés sont aussi de la partie pour une position de conduite typée sport. Au niveau esthétique encore, toute la partie-cycle sera peinte en noir pour que l’œil se fixe sur la carrosserie blanche.
Une minute, y’a comme un truc qui cloche, non ?
En effet, il y a un truc : pour le moment Biancaneves n’est qu’un projet virtuel qui existe que sur ordinateur – preuve en est que les illustrations de cet article ne sont que des renders. Mais nos deux transalpins de chez Dotto Creations sont bien à l’œuvre pour passer du virtuel à la réalité. D’ailleurs ils prévoient que la moto sera terminée en novembre. Peut-être la verrais-je donc si j’assiste au salon de la moto EICMA de Milan…
Source : Return of the Café Racers (Web / Instagram / Facebook)
Illustrations: Dotto Creations (Web / Instagram / Facebook)
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