Renard Speed Shop réinvente complètement la BMW R1250 en faisant évoluer sa silhouette de roadster vers celle d’un cruiser. Avec sa carrosserie enveloppante, cette nouvelle préparation de l’atelier estonien se place assurément dans la catégorie des objets de luxe.

Étonnants Estoniens
Renard Motorcycles fait partie des petits phoenix de l’industrie motocycliste, ces marques qui, comme Jawa ou Curtiss, renaissent après une longue période d’inactivité. C’est grâce à un entrepreneur estonien nommé Andres Uibomäe que cette résurrection a été possible en 2008. Avant cela, la marque qui s’appelait à l’origine Renard Cycles avait produit des motos de petites cylindrées de 1938 à 1944 dans une usine de la capitale de l’état balte, Tallinn.
Depuis son retour, Renard Motorcycles a commercialisé un seul modèle, baptisé Grand Tourer ou GT. Fabriqué de manière artisanale avec une finition haut de gamme et des performances très dynamiques, il était proposé en édition limitée de 2012 à 2016. Doté d’une fourche parallélogramme d’une part, et d’une carrosserie en carbone d’autre part, ce power cruiser avait un look tout autant rétro que futuriste. Il se plaçait sur le marché comme un cousin européen des modèles de la marque américaine Confederate Motorcycles.
En parallèle de cette production en petite série, Andres Uibomäe a monté un atelier de customisation nommé Renard Speed Shop. Avec vingt-trois préparations réalisées depuis sa création en 2014, le garage balte a clairement choisi la qualité plutôt que la quantité. Du café-racer rétro au power cruiser futuriste, la variété des designs est impressionnante. La marque préférée des préparateurs est sans conteste BMW. Dix préparations sont basées sur les modèles de la marque allemande. Parmi elles, huit sont issues de différentes générations de séries R.

Les trois R : Renard Réinvente une série R
La dernière préparation de Renard Speed Shop est une de ces BMW série R. Si l’on observe sa silhouette générale avant d’entrer dans les détails, on pourrait croire qu’il s’agit d’une R18. Sa garde au sol est petite, son empattement est long et les cylindres de son moteur boxer sont entièrement apparents. Pourtant, c’est sur un roadster R1250 R que les préparateurs ont choisi de travailler. L’allure de la moto a tellement changé par rapport au modèle d’usine que l’on comprend aisément pourquoi ils l’ont baptisée « Reimagined », revisitée ou réinventée en français.
En dehors du changement de silhouette, ce qui saute aux yeux sur la moto, c’est évidemment l’imposante carrosserie. Des couvercles massifs sur la fourche, un réservoir volumineux et un immense carénage sur le bloc moteur la constituent. Le dessin de tous ces éléments a nécessité de nombreuses heures de travail sur ordinateur. Et bien qu’ils aient été greffés sur une moto déjà existante, l’opération est tellement bien réussie qu’on pourrait facilement penser le contraire. On pourrait croire en effet, que la moto est taillée dans un bloc unique auquel on a attaché deux roues.


Un assemblage fluide
Ce sont une grande fluidité des lignes et une parfaite harmonie des proportions qui amènent à croire cela. C’est là qu’il convient d’entrer dans les détails pour mesurer toute l’ampleur du travail effectué. Ainsi, en parcourant la moto avec la paume de la main, le passage d’un élément à un autre s’effectue sans à-coups. Le carénage, le réservoir, la selle et les divers éléments qui forment les couvercles de suspension s’inscrivent tous dans la continuité des pièces qui leur sont adjacentes.

On ressent également cette continuité au niveau de la calandre verticale située à l’avant du moteur. Son design, deux pans latéraux séparés par des pointes en haut et en bas, rappelle subtilement les voitures de la marque bavaroise. Il évoque aussi les grandes bouches à air que l’on trouvait sur les avions de chasse des années 50. Les petits rivets qui maintiennent la calandre au carénage ajoutent même une délicieuse touche rétro à une préparation qui, par ailleurs, arbore plutôt un look futuriste.

Fonctionnelle autant que belle
L’une des difficultés liées à la grande carrosserie de cette BMW R1250 R a été, pour Renard Speed Shop, de préserver une utilisation normale des commandes, des repose-pieds et de la béquille. La cavité dans laquelle s’insère cette dernière en position relevée montre l’importance accordée par les préparateurs au moindre détail. Par ailleurs, des encoches taillées dans le carénage font ressortir les deux cylindres et permettent leur refroidissement par air, grâce à des filtres K&N que dissimulent habilement deux caches, de part et d’autre du réservoir. Notons également que les lignes d’échappement sont quasi intégralement enveloppées. Seuls des silencieux Akrapovic, fabriqués à l’origine pour les Ducati Panigale Superleggera, dépassent de l’arrière. Leur position et alignement par rapport à la selle et la roue montrent le soin apporté aux proportions et au placement de chaque pièce sur la moto.



En dehors de cela, le moteur n’a subit aucune modification. C’est d’ailleurs pour lui que les préparateurs ont choisi cette base. Grâce à un arbre à came à commande variable nommé ShiftCam, le nouveau boxer de la marque allemande délivre ses 136 ch de puissance et ses 143 Nm de couple de manière quasi uniforme sur toute l’étendue de ses régimes.



Le luxe jusque dans les moindres détails
Le cadre est, lui aussi, exempt de toute modification. Les jantes ont été fabriquées artisanalement en Italie par Jonich Wheels. Le feu arrière se loge dans un petit capot sur-mesure qui s’emboite parfaitement sur la selle. La livrée blanche de la carrosserie, assortie à des pièces noires ou métalliques, donne une côté luxueux à l’ensemble. L’assemblage des pièces de carrosserie sur la fourche dans ces trois finitions différentes illustre une fois de plus le souci avec lequel chaque détail est peaufiné.
Autres preuves du soin apporté à la construction : la calandre et les tés de fourche sont usinés dans des billettes d’aluminium via commande numérique par ordinateur (CNC). Le carénage et le réservoir sont également en aluminium mais leur fabrication est entièrement réalisée à la main. Les couvercles de suspension sur la fourche sont, quant à eux, imprimés en 3D dans de la fibre de carbone.

La « Reimagined » est en vente sur le site internet de Renard Speed Shop. Son tarif est accessible uniquement à ceux qui en font la demande. On peut supposer qu’il est considérable. D’ailleurs, les préparateurs n’ont pas oublié de mentionner qu’il s’agit d’un cruiser urbain « de luxe ». Si l’atelier reçoit un grand nombre de demandes sérieuses et décide de vendre au plus offrant, le niveau de la transaction pourrait alors probablement atteindre les altitudes auxquelles volaient les avions de chasse que nous rappelle la BMW R1250 R « Reimagined » de Renard Speed Shop.
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Dans un style différent, retrouvez la BMW R 80/7 de Renard Speed Shop, une autre préparation de l’atelier estonien sur base de BMW série R.
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Photos : Renard Speed Shop