1981 : après une anglaise, une allemande puis une japonaise, notre padre achète une Moto Guzzi V50 II ; un peu pour lui mais surtout pour notre mamma : selle basse, maniable et agréable à conduire. « A cette époque, mes frères et moi étions souvent impatients que notre père nous dise à l‘un ou à l’autre : je t’emmène à l’école en moto ce matin ? »
2021 : sa moto a aujourd’hui tout juste 30 ans et presque pas une ride.
Maintenant que le décor est planté, vous imaginez mon attachement tout particulier pour ces Guz au cadre Tonti, cet ingénieur italien créateur de l’iconique cadre éponyme.
En 2018, je vends mon premier projet, une 500 SR, et trouve une bonne affaire. Le courant passe immédiatement entre ce vieux collectionneur et moi, à tel point que je la lui réserve et lui fais le virement intégral avant même de la toucher et de l’entendre : je ne veux pas passer à côté !
Je jette rapidement les bases de mon cahier des charges : ne rien découper et garder la ligne unique de la carrosserie de la Mille GT, c’est-à-dire conserver réservoir et caches latéraux. Par contre, alléger au maximum sa proue et sa poupe ! Je débute mon aventure par une simplification du poste de pilotage et la modification de la ligne d’échappement. Pour le premier, je veux juste conserver le tachymètre à fixer sur un nouveau support home made. Après gabarits en carton puis une épreuve en aluminium, je finis par trouver la forme idéale que je traduis en DAO pour la découpe laser. Assez basique pour l’instant, je reconnais ! Pour la modification de ma ligne d’échappement, mon souhait est de réorienter l’inclinaison des tromblons pour une question purement esthétique. L’avantage des cadres Tonti, c’est que les périphériques sont aisément adaptables entre les modèles et les années ! Banco pour une ligne inox de Le MANS 3, à ceci près qu’il faut penser aux platines spécifiques ! Et là, merci l’internet : je déniche les miennes en Grande-Bretagne. Par contre, conception des pattes de fixation, des cale-pieds, puis fabrication avec un collègue soudeur. Merci Jérôme !
Modifier soi-même sa propre moto est plaisant, gratifiant même, mais quelle frustration de ne pas pouvoir rider pendant cette période qui peut durer longtemps, trop longtemps… ! Alors cette fois-ci, je modifie étape par étape et ainsi je roule et teste mes modifications progressivement — c’est d’ailleurs grâce à cela que j’ai finalement retiré les guidons bracelets fraîchement installés.
La période surréaliste du confinement est le moment opportun pour finaliser mon projet : je complète ma galerie d’inspiration en collectant aussi bien des esquisses, que des détails particuliers ou des articles techniques. Ça y est, ma moto se dessine dans ma tête : d’abord une selle inspirée de la mythique V7 Sport, ensuite de l’inox brossé ici et là pour faire écho à la texture du moteur transversal et enfin le duo de couleur vernie et candy.
Je reste avec la même approche que pour ma 500SR : travailler avec des artisans locaux qui, au-delà de l’aspect pécuniaire, ont avant tout envie d’apporter leur touche artistique à ma réalisation. Merci à Lionel, sellier installé aux Sables d’Olonne et à son pote Ludo, ferronnier d’art, pour la réalisation de la selle confectionnée dans une pièce de cuir pleine fleur de fauteuil club. Merci à Albert, horloger ès Guzzi, pour ses réglages aussi fins que ceux d’une team officielle. Et merci enfin à Peter, pour ce bleu verni unique associé à l’orange topaze candy des antiques Honda 125SL.
Il ne restait plus qu’à dénicher le spot idéal pour la séance photo. Car la photographe, je l’avais déjà ! Agathe aime ce genre de jeu et d’ambiance. Elle avait sublimé ma 500SR, elle sublimera ma Mille GT.
Prochain ride à thème : celui de la seconde édition de « la café rider » le 4 juillet prochain, petit évènement régional simple autour de passions comme le café, la photographie, la musique, et bien évidemment la moto et son pilote, qu’il soit gentleman rider ou badass. Et, bien sûr, le pèlerinage à Mandello del Lario en septembre prochain avec le Moto Guzzi Club de France pour le Raduno del Centenario !
Cette moto, c’est pour moi un esprit de partage, d’esthétisme et de liberté. Et j’espère que son nouveau look vous plaira autant qu’à moi !
Arnaud (arnaud.jean@rocketmail.com).
Photos : agathe.f.photographie@gmail.com