Fabien Rezé, le responsable presse de Ducati nous tend la moto et s’excuse presque des « seulement » 73 chevaux de cette 800. Chez Ducati, toutes les autres machines ont minimum 110 chevaux et la Superleggera culmine à 234 ch ! On le rassure, 73 ch pour la plupart des motards, c’est bien assez pour aller d’un point A à un point B avec suffisamment de piment dans la recette.

Le dernier des Desmo
On retrouve sur cette machine le moteur des Monster S2R, lui-même dérivé du Pantah des temps héroïques. Il garde sa distribution desmodromique et son carter de distribution est joliment mis en valeur par des touches polies. L’Urban motard est un étonnant mélange d’ancien et de moderne : elle a un look plus « frais » que les autres Scrambler qui tend vers le supermotard et garde quelques caractéristiques « historiques » de la firme de Borgo Panigale.

Apparaux Supermotard
Pour commencer, elle reprend le garde-boue haut de la Desert Sled et adopte une roue en 17 pouces à l’avant, quand toutes les autres Scrambler gardent une 18. Sans changer la partie-cycle, la moto est donc basculée de 2,5 cm sur l’avant. Puis elle emprunte les fausses plaques numéro latérales et le pot bas à double sortie de la Nightshift. Depuis peu les Scrambler 800 ont aussi été équipés des leviers réglables des Scrambler 1100. Rien sur cette moto ne fait « cheap » ou a été sacrifié sur l’autel du rapport qualité/prix.

100% Ducati
De l’autre côté, il y a ce moteur en L de 803 cm3 à refroidissement à air qui a traversé les décennies jusqu’à nous. Comment a-t-il fait pour passer les normes d’homologation successives ? Ce sont bien elles qui ont poussé plusieurs constructeurs à transformer leurs moteurs en refroidissement liquide et ont eu la peau du Harley Sportster ou du moteur à air de Triumph… Albin fait remarquer : « Tant que tu ne cherches pas sortir trop de chevaux, les moteurs à air peuvent passer les normes. » On en veut pour preuve Royal Enfield, mais le caractère moteur et les performances n’ont rien à voir avec le twin retro. Sur l’Urban motard on retrouve l’allonge et le caractère rugueux du V-twin à 90° desmo qui a ravi des générations de Ducatistes. Le moteur est caractériel à froid, il faut tout de suite donner du gaz pour ne pas qu’il cale et la boîte nécessite aussi de monter en température pour être précise. Mais l’embrayage n’est plus à sec, on le dose du bout des doigts. La scrambler est la dernière Ducati de la gamme pour laquelle l’expression « enrouler du câble » est encore d’actualité : elle est la seule à avoir un câble d’accélérateur et non un ride-by-wire électronique !

Une arme en ville…
Le côté supermotard n’est pas surjoué. De série l’Urban Motard reçoit de très bons pneus typés sport, des Pirelli Diablo Rosso III larges de 120 à l’avant et 180 à l’arrière qui collent littéralement au bitume. Le freinage AV à un seul disque est très puissant avec 330 mm de diamètre et une pince Brembo radiale qui est couplée à un ABS Bosch utilisable en courbe. Le guidon large et bas donne un contrôle total du train avant et la moto ne demande qu’à s’inscrire dans les virages. Ce devrait être un régal en montagne, mais on n’en avait pas sous la main.

… mais pas que
La moto n’est évidemment pas aussi légère qu’un mono supermotard avec un poids annoncé de 180 kg (qui doivent être des kilos italiens, sans aucun fluide, pas même l’huile dans le moteur). Mais son rayon d’action est autrement démultiplié par le twin qui sait faire autre chose que de la ville – où son petit gabarit excelle pour se faufiler entre les voitures. On peut envisager des trajets quotidiens de 50 km sans soucis avec toutes sortes de routes sous les pneus et même de la piste en terre car le débattement des suspensions est de 150 mm. La position de conduite permet de longs trajets sans effort, la selle plate permet de s’asseoir quasiment sur le réservoir quand on attaque façon supermotard, ou plus en arrière pour balancer le buste vers l’avant quand on est sur autoroute. Surtout il y a assez de place pour le passager qui trouve presque autant de cm2 sous les fesses que le pilote et son rembourrage est ferme. Dans sa livrée criarde, l’Urban motard est un étonnant mélange mais qui a de vraies qualités dynamiques.

Par rapport à la plus « basique » des Scrambler, l’Icon Dark, l’Urban Motard s’affiche 2600 € plus cher, à 11 790 €.

Fiche technique
Bicylindre en L, distribution desmodromique, 2 soupapes par cylindre et refroidissement par air – 803 cm3 (88 x 66 mm) – Taux de compression : 11:1 – Puissance 73 ch à 8.250 tr/min – Couple : 6,6 daNm à 5.750 tr/min
Cadre treillis tubulaire en acier – Fourche inversée Kayaba de 41 mm – Amortisseur arrière Kayaba, réglable en précharge – Jantes à rayons en aluminium 17’’ – Pneus Pirelli Diablo Rosso III – 120/70-ZR17- 180/55-ZR17
Frein AV à disque de Ø330 mm, étrier radial à 4 pistons avec ABS en courbe Bosch de série – AR disque de Ø245 mm.
Poids à vide 180 kg – Tous pleins faits 196 kg – Hauteur de selle 805 mm – Empattement : 1 436 mm – Angle de colonne : 24° – Chasse : 94 mm – Capacité réservoir : 13,5 l
