Que devient Norton ? Son ancien propriétaire, Stuart Garner, le roi du feu d’artifice – l’origine de sa fortune – a désormais des démêlés avec la justice à cause du financement de sa marque et Norton est depuis deux ans passé dans d’autres mains.

Prise de contrôle indienne
On ne cesse d’être surpris par le dynamisme et les fonds colossaux de l’industrie indienne qui rachète les marques anglaises les unes après les autres. Outre Royal Enfield la plus connue, BSA est la propriété du groupe Mahindra. JLR – Jaguar Land Rover – est aussi passé sous la bannière indienne et Norton depuis avril 2020 appartient à TVS Motor. Il s’agit du troisième constructeur du sous-continent, grand producteur de petites cylindrées. Il produit actuellement 3 millions de deux-roues par an, a noué des partenariats avec BMW et soutient le team Sherco en Rallye africains.
Le mois dernier lors d’une visite de Boris Johnson en Inde, le groupe a annoncé un investissement de 100 millions de livres sterling (118 millions d’euros) dans la marque Norton.

Perspectives en Angleterre
Une nouvelle usine à Solihull est sortie de terre, et l’on attend à terme 300 emplois en Angleterre. Cependant les futures Norton sont pour l’instant encore dans le smog. On parle de redessiner le moteur de la Commando 961 qui avait des problèmes – notamment de transmission. Mais le twin à air pourra-t-il passer les nouvelles normes européennes ? Le futur de Norton passerait par des modèles exclusifs à plus de 40 000 € autour du V4 Norton, la V4SV Superbike et sa déclinaison café-racer, la V4CR. Enfin, TVS avance une moto électrique frappée du badge Norton qui serait aussi dans les cartons.

En attendant, avec cet argent frais, Norton vient de racheter 55 motos à Ian Loram. Ce collectionneur anglais a accumulé des motos mais exclusivement des Norton, de 1916 à 1992. Depuis la fin des années 90, Loram a consacré ses efforts à chaque vente aux enchères pour obtenir les Norton les plus rares. Comme ce Model 1 « Big Four » qui était le modèle préféré de James Lansdown Norton, le fondateur, qui parcourut 4500 km en Afrique à son guidon. Dans la collection se trouve également un modèle DT de Speedway de 1930 et une rare CJ 350 de l’année précédente, fabriquée à seulement 200 exemplaires. Plus près de nous on retrouve une Atlas de 68 qui a servi à l’escorte des « Royals » ou une Norton F1 à moteur rotatif de 1992.


Le PdG actuel de Norton, Robert Hentschel, a dans le viseur les 125 ans de la marque en 2023 (Triumph et Royal Enfield sont des jeunettes à côté) et a opportunément racheté la collection de Ian Loram : cela lui permet en une seule emplette de se constituer une bonne base muséale comme celui de son rival de toujours… Triumph.