Chris Tope est un américain voyageur. Il suit les chantiers pétroliers à travers le pays pour assurer son métier de biologiste sur le terrain. En onze ans il a vécu dans neuf états américains différents, au gré des missions qui lui sont confiées. Comme beaucoup d’itinérants là-bas, il vit dans une énorme caravane de 14 m de long qu’il déplace à chaque chantier. Mais ça ne l’empêche pas de créer des motos, sa passion !
Mini-atelier
Mais pour cela il ne dispose que d’un mini-atelier de 10 x 12 pieds, soit 11 m2 ! Il s’est vite rendu compte qu’il n’allait pas customiser des Harley là-dedans. L’hiver, il le consacre plutôt aux maquettes, de 1/6e qu’il assemble, modifie pour avoir même des pièces cachées comme la batterie et peint à la main « Ca permet de toujours travailler sur des motos, mais sans se ruiner » assure-t-il.

Mini Bomber
Puis Chris est passé à plus gros (façon de parler) avec ses Black Bomber et mini Black Bomber. La première a été construite il y a des années, Chris ayant transformé avec goût une une Honda CB 450 de 1967 (surnommée à l’époque Black Bomber) en café-racer alors qu’il était en Californie en 2012. En 2018, avec toujours ces contraintes de place à l’atelier, et alors qu’il bosse cette fois de l’autre côté du pays, en Virginie, il se décide à construire une mini Black Bomber à partir d’une Honda Z50 « Monkey ». La moto, à sa sortie en 1960, est une facétie de Soichiro Honda, destinée à apprendre aux enfants à piloter. Equipée du moteur du Cub, elle est adoptée par les adultes qui, avec les genoux repliés et les mains qui trainent presque au sol, ont l’air de singes à leur guidon, d’où le surnom Monkey.

Maxi talent
Chris Tope a ainsi consacré son énergie à customiser un Monkey de 1977 qu’il a caféracerisé comme une grande. « Le but, c’est qu’en montrant la moto sans aucune référence d’échelle, on ne puisse pas dire que c’est une mini-moto » assure-t-il. Mini pot relevé, moteur poli, kité en 80 cm3, jantes à rayons sur mesure, réservoir chromé piqué à un Honda CZ100 avec ses grippe genoux en caoutchouc… La mini Black Bomber fourmille de détails comme les embouts de guidon qui sont des pièces à l’effigie d’un singe casqué et fumant le cigare. L’avantage d’être maquettiste est de pousser loin le soucis de l’ultime détail.

Ice Pick, un racer sur glace
Enfin, dernier projet en date à avoir été complété dans la caravane de Chris, cette Penton Mudlark à moteur Sachs pour la glace. John Penton était un enduriste célèbre aux Etats-Unis qui s’était reconverti dans le business moto. Il était ainsi l’importateur de KTM jusqu’en 1978, dont les motos étaient rebadgées à son nom. Fin 72, KTM lui force la main pour acheter un lot de moteurs Sachs mais en version « A » avec une transmission primaire un peu faiblarde. Aussi Penton se tourne vers le préparateur Wassel en Angleterre, qui fabriquait des cadres et des kits tout-terrain, à l’origine pour des BSA Bantam. Avec un cadre anglais et ces moteurs autrichiens, Penton crée la Mudlark, une moto trial/enduro typée loisir équipée d’un phare… qui fut parait-il un flop retentissant et pas vraiment efficace.

Sortie du congélo
C’est sur cette base, dénichée à Dallas en état plus que moyen que Chris Tope a créé son ice racer équipé de pneus à clous. Les 30 cm de garde au sol ont permis de loger un beau pot de détente sur mesure – sans silencieux – fabriqué par Retrodyne. La suspension arrière a été modifiée, les combinés ont été supprimés et le bras oscillant rallongé a reçu une triangulation pour mettre l’amortisseur unique en position cantilever. « La moto a été conçue pour qu’elle inspire le froid » fait remarquer Chris. Surface chromée pour le cadre, carters polis, peinture bleue glacier, même le cul de selle fait penser à un stalactite ! Les poignées ont été tournées en pierre de lune, un minéral pâle aux reflets bleutés. Une moto qui fut conçue pour une expo Motorcycle Art à Sturgis, qui a dépassé largement les premières ambitions de John Penton avec sa Mudlark…
